août 23

Le pouvoir du pardon

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Cet article a pour but de partager une réflexion personnelle sur un thème qui me tient à cœur, celui du pardon et de son pouvoir.

Peut-on tout pardonner ?

Cette question pourrait être un sujet du bac philo. On m’aurait posé cette question il y a quelques années, j’aurai répondu non, qu’il y a des choses qui ne peuvent pas être pardonnées, comme un crime, un viol.

Mais aujourd’hui, j’ai évolué et après un travail sur moi, je pense sincèrement que oui, il est possible de pardonner. Je ne dis pas que cela est facile, c’est même un choix très difficile, mais dans mon cas, c’était une étape nécessaire à ma guérison, pour avoir enfin la paix intérieure. Pardonner m’a rendue libre. Cela a pris du temps, beaucoup de temps, 20 ans dans mon cas. Pardonner est un choix qui est personnel, personne d’autre ne peut le faire à notre place. Je ne dis pas que c’est la seule et unique voie, je respecte le choix de chacun.

Par contre, je pense que les choses ne sont jamais figées : ce que l’on pense impossible un jour ne veut pas dire que nous le penserons toute notre vie… C’est ce qui m’est arrivé. Je partage avec vous mon propre parcours et ce qui m’a amené à faire ce choix.

 

Que signifie “pardonner” ?

Pardonner ne signifie pas oublier. Pardonner ne veut pas dire se résigner, loin de là. Pardonner ne signifie pas non plus approuver les faits, ni les minimiser, ni excuser les actes commis. Les faits restent les faits, le crime reste un crime. L’intolérable le reste et le restera. Un viol reste un viol, et je n’ai jamais approuvé ni validé quoi que ce soit en donnant mon pardon, et je ne me suis jamais résignée à mon sort en pardonnant.

Pardonner signifie pour moi lâcher prise sur un passé que je ne pourrai jamais changer, abandonner tout espoir d’un passé meilleur. Ne plus jamais être enchaînée à mon passé, et de pouvoir enfin vivre le présent. Pardonner signifie que je ne veux plus que la haine, la colère, la rancœur, le désir de vengeance soient les sentiments qui guident mon cœur et ma vie.

 

Haine, colère et vengeance

Pendant si longtemps, j’ai vécu avec ces sentiments de colère et de haine envers les hommes, la soif de vengeance dans mon cœur, je ne voyais que le mal qu’on m’avait fait et que j’avais envie de rendre… Je mettais souvent les hommes dans le même panier, du côté du violeur, ou parfois pire, je les considérais comme des violeurs potentiels. J’avais tellement d’agressivité en moi, il suffisait qu’un homme me parle pour que je me braque, me renferme dans ma carapace de violence et de haine… On m’avait dit si souvent que j’étais froide ou du moins c’est l’impression que je donnais. C’était ma façon de me protéger.

Ma vision était bien entendue erronée, étroite, si limitée, mais la haine l’emportait sur la raison. Non, tous les hommes ne sont pas ainsi et heureusement ! Il m’a fallu encore un peu de temps pour en prendre conscience. Comme le dit si justement Gandhi, “vous ne devez pas perdre espoir en l’humanité. L’Humanité est un océan : même si quelques gouttes sont souillées, l’océan ne le devient pas.”  J’ai mis du temps à comprendre ces mots, mais maintenant je le sais.

J’avais parfois un tel désir de vengeance en moi que j’avais envie de faire souffrir autant que j’avais souffert, j’ai eu souvent des pensées si violentes en moi. Si on m’avait donné une arme, et mis mon violeur à terre, à genoux devant moi, j’aurai sans doute été capable de l’abattre à bout portant, sans pitié, pour pouvoir me venger et me faire justice. Pour qu’il souffre à son tour et que la justice qui n’existait pas me soit enfin rendue… J’avoue que j’ai eu d’innombrables fois ces pensées. Cela me soulageait de savoir que le malheur d’un homme me rendrait enfin heureuse.

Je me souviens qu’il y a encore quelques années, j’avais demandé à ma mère de me donner le nom du complice du cambriolage, c’était aussi peut-être celui du violeur. Mes parents ont toujours eu des gros soupçons sur l’identité de l’homme à l’origine du cambriolage, et ils étaient fondés. Et moi j’avais l’intime conviction que cette personne était également le violeur, il y avait en effet des chances que ce soit lui.

Ma mère de demanda alors pourquoi remuer ce passé tant d’années après, et pourquoi je lui demandais l’identité de cette personne.

– “Pour me venger”, lui répondis-je.

– “Mais pour te venger de quoi ?” me demanda-t-elle.

– “Pour me venger de ce qu’il m’a fait quand j’étais enfant, quand j’avais 15 ans. Je ne peux pas oublier même si toutes ces années sont passées, et aujourd’hui il est temps qu’il paie pour ses crimes.”

– “Mais qu’est-ce qu’il t’a donc fait ?”

– “Il m’a fait des choses qu’on ne fait pas à des enfants, des choses graves et impardonnables.”

Et en un instant, elle a tout compris, elle a enfin su ce que je sais qu’elle avait toujours su au plus profond d’elle, ses soupçons étaient fondés. Elle en a eu la confirmation que trop d’années plus tard… Les larmes aux yeux, elle me demande confirmation, et elle a su en voyant mes larmes couler le long de mes joues. Toute cette souffrance enfouie en moi est remontée à la surface. Elle me croyait, et partageait ma douleur.

Je n’ai jamais eu le nom, elle ne me l’a pas donné, mais je ne lui ai pas redemandé non plus. Le fait qu’elle connaisse et partage ma souffrance, mon lourd secret, cela m’a libérée, et nous n’en avons plus jamais reparlé.

Je me souviens encore de cet épisode, car à cette époque j’étais encore dans mes droits pour porter plainte, je n’étais pas encore prescrite. C’est ce que je voulais faire en parlant de vengeance, j’avais envie d’aller jusqu’au bout et de faire ce que je n’avais pas pu faire à 15 ans, le dénoncer, de me battre, de me confronter à lui et faire tomber un à un tous ses complices. J’ai eu ce courage-là il y a quelques années, mais peu de temps après, ce désir de vengeance m’est finalement passé.

 

De la colère envers moi-même…

Oui, le ressentiment, la rancœur, le cœur rempli de haine envers les hommes, durci par la soif de vengeance, j’ai connu, et j’ai assez donné. Toute cette colère enfouie en moi, j’ai mis tellement de temps à réaliser que c’était de la colère envers moi-même, je me faisais ainsi du mal, ne pensant pas mériter autre chose que souffrance et peine. Parce que je ne m’aimais pas assez moi-même…

J’ai mis 20 ans à réaliser que mon bonheur ne peut pas dépendre du malheur d’un homme, mais qu’il ne dépendait que de moi uniquement, personne d’autre que moi. Il fallait donc que je recherche en moi… Oui cet homme mérite d’être puni de ses actes, mais je n’ai pas besoin de le voir souffrir, je n’ai pas besoin de le savoir malheureux, touché par une maladie incurable, derrière les barreaux ou tout simplement mort, pour commencer à penser enfin à moi, m’autoriser à aller mieux, et à vivre enfin la vie que je mérite. Son malheur ne me rendra jamais heureuse, ne changera pas ce passé qui fut et qui ne pourra jamais être changé.

 

Jusqu’au chemin du pardon

C’est un énorme travail personnel que j’ai du faire sur moi-même pour arriver à cette constatation, à réaliser enfin ce qui me semble évident aujourd’hui. C’est ainsi que j’ai appris à pardonner pour pouvoir me libérer de toute cette rancœur enfouie en moi, cette colère que je retournais contre moi-même pour me faire souffrir, comme une auto-punition.

Car si je ne change pas et si je ne pardonne pas, je resterais avec toute cette colère et haine. Et si je reste ainsi avec ces sentiments, alors c’est comme si je lui offrais le reste de ma vie… Est-ce que c’est ce que je veux ? Est-ce que ma vie vaut la peine d’être ainsi sacrifiée pour lui ? La réponse est NON. Il aurait ainsi tout gagné et il est hors de question que je lui fasse le cadeau de ma vie, de toutes ces belles années qui me restent à vivre, et je suis persuadée que ce sont les meilleures !

J’ai lâché prise sur ce passé, je n’ai pas besoin qu’il souffre, qu’il soit puni, ou de savoir qu’il regrette peut-être. Il sera certainement puni d’une façon ou d’une autre dans sa vie, mais je n’ai pas besoin d’en être témoin. J’ai bien trop à faire à vivre pleinement ma nouvelle vie pour m’en soucier.

 

Se pardonner soi-même

Je sais qu’il m’a été nécessaire de passer par ce stade de colère, haine et désir de vengeance. Ces années étaient difficiles, car j’étais seule face à moi-même, face à mes propres peurs et émotions, mais je ne regrette rien aujourd’hui. Toutes ces années n’ont pas été perdues, j’ai beaucoup appris sur moi. Tous ces sentiments font partie du processus de reconstruction, sont nécessaires et il n’est pas possible de sauter cette étape. Il fallait que je vive cette révolte intérieure pour arriver un jour sur le chemin du pardon.

Au delà du simple pardon, c’est surtout un pardon à moi-même que je me suis offert. Pardonner, c’est aussi se pardonner, et faire la paix avec soi-même. Après avoir accepté de lâcher prise et pardonner, en acceptant de renoncer à la vengeance,  j’ai appris à me pardonner de m’être oubliée, d’avoir abandonné la petite fille intérieure que j’étais et que j’ai finalement retrouvée.

C’est à partir de ce jour que j’ai appris à renaître de mes cendres, à vivre cette seconde vie que je choisis, et écrire la liste de mes envies. C’est ainsi que j’ai commencé ma liste de vie, ma “bucket list” pour réaliser mes rêves !

Pardonner est un acte fort et hautement symbolique. Pardonner est un acte de libération et de délivrance, c’est arrêter de vivre le passé au présent. En pardonnant, je n’ai pas oublié, je n’ai pas non plus approuvé les actes commis, mais en me libérant de ce passé, de cette colère et envie de me venger, je me suis découverte moi-même : une femme unique, courageuse et forte, remplie de ressources inexploitées et de potentiel infini.

Je mérite la paix, et cette paix intérieure était au bout du pardon. La paix intérieure est le but que je poursuis, pas la vengeance.

Je terminerai sur cette magnifique citation de Lewis B. Smedes, bouleversante de vérité. Elle résume toute ma pensée dans une unique phrase, et je n’aurai pas dit mieux :

“Pardonner, c’est rendre sa liberté à un prisonnier. Et se rendre compte que le prisonnier, c’était vous.”

 

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Le bonheur au présent : mon journal de gratitude

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  1. Coucou,

    C’est un article très dur pour moi. Très lourd. J’ai dû le lire en plusieurs fois. Je voulais absolument le lire entièrement ce soir..
    Je n’ai pas la même histoire, dans le sens où je n’ai pas vécu de viol, mais dans mon histoire il y a des hommes mauvais aussi (des terroristes).
    Je n’ai jamais cette violence envers mes bourreaux. Je n’ai jamais voulu (ou je ne me rappelle pas) qu’ils meurent (peut-être aussi parce que la plupart sont morts le soir même). Mais vraiment je n’ai pas eu de violence envers eux.

    Par contre, ma violence est surtout dirigée vers moi. Je culpabilise énormément et je ne sais plus quoi faire avec. Je n’arrive pas à leur pardonner de me faire sentir à ce point mal. Je ne leur pardonne pas de me faire vivre chaque jour des sensations des événements du “passé”. Je n’arrive pas à leur pardonner qu’à cause d’eux je me pose la question ” Et pourquoi moi j’ai réussi à rester en vie alors que d’autres non? Pourquoi moi?”

    Du coup, c’est compliqué.. Désolée si ce commentaire est dur à lire. Ce n’est pas le but.. j’essaye juste d’avancer…

    1. Coucou,
      Je te remercie pour ton commentaire et pour avoir partagé avec moi ton histoire, que je ne connaissais pas. Merci pour ta confiance. Je te remercie aussi de me suivre et de me donner régulièrement ton avis sur mes articles, je suis émue d’avoir une si fidèle lectrice ❤️
      Sache que ton commentaire ne m’a pas mise mal à l’aise, et je ne l’ai pas trouvé dur à lire, au contraire je suis toujours heureuse de pouvoir lire d’autres points de vue que le mien.
      Ton histoire m’a beaucoup touchée, il est vrai que nous avons toutes des histoires différentes, mais que ce soit un viol ou des attaques terroristes, il y a eu un traumatisme terrible que tu as subi, et le processus de reconstruction est à mon avis similaire. On est obligé de passer par les mêmes étapes que tu décris. Je comprends ce que tu peux ressentir même s’il est vrai que je n’ai pas vécu la même chose. Je ressens dans tes mots ta souffrance et je me reconnais dans ce questionnement incessant. Je suis aussi passée par des phases difficiles de remise en question, de culpabilité, et je me demandais aussi pourquoi, j’en recherchais le sens et comment survivre avec ça. Le pardon c’était bien la dernière de mes préoccupations dans ces moments-là qui ont duré des années…
      Mais il y a une chose que tu soulignes et tu as tout à fait raison, la violence qu’on a en soi est surtout de la violence qu’on dirige contre soi-même et rien de d’en prendre conscience, c’est un grand pas en avant sur chemin de la reconstruction. Sache que tu es une fille forte et courageuse, n’en doute jamais. Et tu as envie d’aller de l’avant, c’est que je ressens en lisant tes mots. Même si je n’ai pas vécu ton traumatisme, sache aussi que tu n’es pas seule, je suis là si tu as besoin de discuter et échanger. En parler et partager, c’est se libérer et la volonté d’aller mieux, cela m’a beaucoup aidée à avancer. Es-tu parisienne également ?
      Je t’embrasse fort avec toute l’énergie de mon cœur, et pense à toi. Au plaisir de te lire, en attendant prends soin de toi ❤️

      1. Coucou Anya!

        Excuse moi d’avoir mis du temps à te répondre. C’est un sujet délicat comme je te l’ai déjà dit dans mon premier commentaire, donc il m’a fallu prendre du recul.
        Tout d’abord, merci de m’avoir répondu! Surtout un si “long” commentaire. Merci d’avoir pris du temps pour moi, et de me dire ce que tu en pensais.

        Justement, je pense comme toi. Je me sens proche dans le trauma avec les personnes victimes de viol. Je ne sais pas exactement pourquoi, parce que en soi la violence que l’on a vécu n’était pas la même. Mais le mode de reconstruction semble vraiment similaire.
        Comment as-tu réussi à ne plus culpabiliser? C’est quelque chose sur lequel je travaille énormément. Je culpabilise et sur tout.. Ca me fatigue moi-même. J’ai du mal à me pardonner.. Comme si c’était de ma faute, alors que non.. Et ça je le sais..

        Merci pour ton soutien et ton écoute. Je me plains suffisamment sur mon blog et auprès des amis. Je ne vais pas déranger qui que ce soit de plus ^_^
        Merci aussi de me dire que je suis forte. C’est quelque chose dont je doute beaucoup..

        Je ne suis plus parisienne depuis 2016, je suis retournée dans ma région natale pour me ressourcer car j’avais vécu beaucoup trop de choses en si peu de temps en 2015 ^_^.

        Gros bisous et merci pour tout!
        Merci également pour ce site que tu as créé qui m’inspire énormément. (Dire que je suis tombée par hasard sur ton blog en m’ennuyant un soir et en regardant les nouveaux articles sortis)
        Tu es une femme vraiment inspirante. Tu émanes une douceur et un altruisme dans tes écrits qui font du bien.
        Merci!

        1. Coucou ! Je suis heureuse de te lire et avoir de tes nouvelles ! Merci pour ton message et tes encouragements, j’en suis très touchée ♥
          Je pense aussi que suite à traumatisme violent, le processus de reconstruction est similaire. Il est tout à fait normal de passer par des phases de doutes, de culpabilité, de ressentiment, d’injustice subie, et de se sentir impuissante face aux évènements, de subir son destin en quelque sorte… C’est ainsi que je ressentais les choses. Je me demandais constamment : pourquoi moi ? Mais tout cela fait partie du processus pour se reconstruire et guérir. Cette phase est plus ou moins longue selon les gens, il n’y a pas de règle. La mienne a duré près de 20 ans, mais je n’étais pas désespérée tous les jours, heureusement car je ne sais pas si j’aurai tenu ainsi. J’alternais entre des moments où je n’y pensais plus (pendant une période plus ou moins longue), et des moments de rechute. Il y a des hauts et des bas, parfois on réussit à faire un pas, et le lendemain on recule de deux, c’est normal aussi. Il faut rester bienveillante envers soi-même et accepter que nous ne pouvons pas être au top de sa forme tous les jours, c’est humain. Mais on fait de son mieux, et c’est ce qui compte. Puis un jour, on commence à avancer doucement et on réalise qu’on fait plus de pas pour avancer sur mon chemin que de pas pour reculer.
          Sois certaine que tu as une incroyable force intérieure, je vois que tu cherches des solutions pour t’en sortir et aller de l’avant, c’est très positif, et rien que d’avoir cette volonté, c’est déjà une petite victoire à fêter ! Je ne doute pas que petit à petit, toi aussi tu avanceras sur ton chemin sans reculer sans arrêt, ni regarder tout le temps derrière toi, si ce n’est cette fois-ci pour regarder tout le chemin que tu auras parcouru… Je suis confiante pour toi, tu es sur la bonne voie.
          Je serai heureuse de continuer cet échange par mail et partager avec toi ce qui m’a aidé à avancer, je pense que ce sera plus facile qu’en commentaires sous l’article. Qu’en dis-tu ?
          Gros bisous et à très bientôt !

  2. Encore une fois un texte fort, juste et très bien écris. Je ressens l’acidité du poison lorsque tu mentionnes la vengeance… les larmes qui inondent mes yeux lorsque tu évoques ta douleur et ta tristesse ainsi que la légèreté de mon âme lorsque tu traces les contours de ta libération.

    1. Cher Stéphane,
      A chaque fois, je suis tellement émue de lire tes magnifiques mots qui sont de la poésie à mes yeux ❤️ Ta sensibilité rare, ton intuition et ta justesse sont des trésors, cultive-les. Merci pour ton soutien inconditionnel depuis le début de cette aventure ? Gros bisous et à très bientôt !

  3. Je suis admirative devant ton courage, car il en faut du courage pour parler d’une chose aussi intime et aussi dure. Moi aussi, j’étais comme toi, je ne savais pas pardonner, et dans certains cas, je ne voulais pas pardonner, puis l’âge avançant, je me suis rendu compte qu’en refusant de pardonner, je me fais surtout du mal à moi-même. Ne pas pardonner c’est remuer sans cesse le passé, ne pas laisser partir les douleurs et les blessures, alimenter soi-même la colère et la révolte qui au final ne font du mal qu’à soi-même. Oui, pardonner libère. Je n’y arrive pas toujours tout le temps, mais continue doucement mon chemin. Bravo pour cet article qui doit aider beaucoup de personnes !

    1. Merci Soa pour ton message qui me va droit au coeur ♥ J’ai la même façon que penser que toi, et comme tu le soulignes si justement, pardonner prend du temps mais à un moment c’est nécessaire pour se libérer de son passé qui ne fait que nous enchaîner à nos blessures et souffrances, et pour pouvoir faire enfin la paix avec soi-même… Moi non plus je te rassure, je n’y arrive pas tout le temps du premier coup, même quand il s’agit de petites broutilles ! J’ai appris en pratiquant comme toi, encore et encore, c’est un apprentissage sur soi qui dure toute une vie. Bisous et bon week-end !

  4. Pardonner oui, c’est possible, mais pour un crime, à vrai dire, je ne sais pas
    Si ça m’arrivait je ne sais pas comment je pourrais réagir, mais ce doit être dur
    C’est tout à l’honneur des victimes qui y parviennent d’ailleurs
    Mais tu as raison, ne pas pardonner c’est aussi se faire souffrir et rester enchaîné à son passé
    Alors si c’est pour toi la libération
    Pardonner c’est ce qu’il fallait faire!

    1. Merci pour ton message ! En effet pour un crime il est très difficile de pardonner, je suis d’accord. Mais cela n’est pas impossible, même si c’est le chemin que peu empruntent, j’en suis la preuve. C’est un très long et gros travail sur soi pour enfin lâcher prise sur son passé et faire la paix avec soi-même.
      Je te souhaite une belle journée !

  5. Très joli cet article si sensible. Pour ma part, comme toi, il y a encore quelques années, je considérais que certains crimes étaient impardonnables et je ne condamnais pas forcément la peine de mort. Aujourd’hui, tout est différent. J’ai grandi et compris que chaque cheminement est différent et surtout que nous choisissons nos épreuves. Celle d’être un bourreau comme celle d’être une victime, comme celle d’un bourreau qui se repend ou une victime qui pardonne. Et il n’y a rien de plus juste ou beau que d’accorder une seconde chance. Ne serait-ce que pour se libérer soi-même en effet.

    1. Merci Ornella pour ton commentaire qui m’a beaucoup touchée ❤️ Je pense également comme toi, que c’est nous qui donnons un sens à nos épreuves, en restant victime, bourreau ou en devenant héroïne de son histoire. Le temps aide énormément, nous changeons et évoluons. J’ai beaucoup appris sur moi-même et je ne regrette pas cet apprentissage. Gros bisous !

  6. Ton article est très puissant, très touchant, magnifique.
    C’est un long chemin que celui du pardon, mais faire le premier pas dans ce sens est très courageux.
    La citation qui clôt ton article est d’une grande justesse.
    Bravo en tout cas pour ce gros travail personnel ! Peu de gens choisissent cette voie !

    1. Chère Sophie,
      Un grand merci pour ton message qui m’a beaucoup émue ❤️ Oui ce chemin est en effet difficile , mais maintenant que j’y suis arrivée et que je vois tout le chemin parcouru en 24 ans, je ne regrette rien… J’ai tellement appris sur moi-même et c’est inestimable ? C’est ce message que j’aimerai partager via mon blog, apporter mon témoignage et le projet de groupe de parole très bientôt ! Merci encore pour ton soutien ! Je t’embrasse ?

  7. Je tenais déjà à te dire que j’étais désolé pour ce que tu as endurés, ça n’a pas du être facile… On sent que tu as été profondément touchée et que ça t’as chamboulée. J’espère vraiment (même si je pense que c’est le cas), que tu commences à t’en remettre et faire une “croix” sur ce passé douloureux. C’est dur, mais important ! Sinon, pour revenir à ton article, j’étais exactement comme toi. Je passais mon temps à vouloir me venger, tous le temps, dès qu’on me faisait un peu de mal j’avais des désirs de vengeances. Jusqu’au jour où je me suis disputée avec ma meilleure amie et que je me suis vengée, là j’ai perdu toutes mes amis, je suis tombée dans un trou noir, une dépression, j’ai eu beaucoup de soucis de santé, etc. C’est là que je me suis dit que c’était peut-être en quelque sorte une punition. J’ai beaucoup réfléchi et je me suis pardonner à cette ancienne meilleure amie 3 ans plus tard, elle a accepté mes excuses. Là je me suis dit que j’allais plus jamais redevenir celle que j’étais avant ! Désormais j’allais pardonner, du moins ignorer et ne pas cherché à me venger parce que ça ne sert à rien. Si la personne a fait quelque chose de mal, elle finira bien par se rendre compte de son erreur et/ou paiera le prix selon la gravité de la chose. La vengeance ne résout rien ! Je suis totalement d’accord avec ton optique et ta façon de penser 🙂 Je trouve ça très bien et très courageux, c’est une chose que beaucoup devrait faire, car ça aide à faire la paix avec son intérieur.

    1. Merci pour ton message et pour avoir partagé ton expérience avec moi ! Nous avons tous notre chemin de vie, ne sois pas désolée pour moi, c’est mon passé et il fait partie de ma vie, mais j’ai tourné la page et clôt ce chapitre de ma vie. Je vais très bien aujourd’hui et suis heureuse d’avoir enfin trouvé la paix intérieure. C’est parce que j’ai cette chance de pouvoir vivre cette nouvelle vie que je témoigne de mon parcours, pour montrer qu’il est possible de s’en sortir, d’être épanouie et heureuse. Belle journée et à bientôt !

  8. La vertu des vertus… un sujet fort et troublant à la fois. Je crois en effet que de rester prise dans sa colère n’aide pas à avancer vers le bonheur. Mais pour cela, je crois qu’il faut d’abord la vivre cette colère. Ces années de désir de vengeance, elles t’ont été nécessaires. Elles t’ont, en quelque sorte, gardé en vie. Tu ne t’es pas écroulée, tu t’es permise d’avancer, car cette colère te faisait sentir vivante. Je crois qu’elle est une émotion essentielle pour la survie. Sans elle, nous refusons de crier notre dignité! Il aurait été impossible de ne pas la ressentir car tu mérites le respect et quelqu’un a enfreint tes limites. L’absence de colère aurait été une forme de non-respect de toi-même envers toi-même… Et justement, c’est tout le contraire que tu devais faire! Tu devais te relever, crier ton besoin de te faire respecter, ton refus d’accepter ce qu’il a fait, ton désir de te réparer. Le désir de vengeance est normal! Il est même essentiel, à l’aide de ton imagination, de vouloir régler cette horreur, de reprendre ton pouvoir. Le pardon est probablement la dernière étape, après avoir passé par toute la gamme des émotions, après s’être permise de vivre ce que l’on a à vivre, à ressentir. Après s’être donné le droit d’être en colère, après s’être permise le désir de vengeance, après avoir transformé ces images d’horreur en y incluant ta force et tes cris, alors oui, le pardon peut être possible. Dans mon cas, la colère a été envers moi-même pendant 20 ans. Le fait de vivre cette colère envers mon agresseur me permet de me libérer de cette haine que je traînais envers moi-même. Redonner à cet homme ce qui lui appartient, cela fait partie de la libération. Un jour, je sais, j’arriverai au pardon. Parce que moi, je connais ma force. Lui, il connaît ses failles. Ma vengeance, c’est mon bonheur, mes amours, mon accomplissement, mon écriture… Ma vengeance, c’est de crier la vérité, de me libérer enfin de cette prison, de rire avec mes enfants, embrasser mon amoureux et sourire en pensant à la force que j’ai en moi. Le pardon viendra peut-être, je ne me mets pas de pression. Je me donne le droit de vivre chaque étape. Je me donne le droit de m’aimer d’abord. Et de pardonner plus tard… Mais sans le savoir, peut-être est-ce déjà fait…

    1. Ma chère Nat,
      Ton commentaire m’a beaucoup émue ♥ Il est si touchant de justesse et de vérité, ton texte est fort et je sens la puissance de chacun de tes mots… Tu as mille fois raison quand tu dis que passer par cette étape de vengeance et de colère était un chemin nécessaire pour se reconstruire. Je ne pouvais pas sauter cette étape. Et si elle a duré 20 ans, cela signifie tout simplement que c’était le temps qu’il me fallait, pas moins. Tout ce que tu me dis est très juste. J’en ai pris conscience également, et je te remercie de le souligner, car en effet dans mon article je n’ai sans doute pas assez insisté sur le fait qu’il fallait obligatoirement passer par ces sentiments de haine, colère et désir de vengeance, par toute cette révolte intérieure.
      Je pense également comme toi que l’amour de soi est la source de tout amour, et qu’il faut d’abord apprendre à s’aimer et à s’approuver. Le pardon, s’il vient un jour, en sera la dernière étape. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant qu’il fallait pardonner ce jour-là, cela s’est fait tout naturellement, sans doute que j’en prenais sans me savoir ce chemin. Comme je suis persuadée que toi également tu es en train de suivre la même voie que moi.
      Et au delà du pardon à l’homme, le plus important et le plus beau de tous les pardons a été celui que je me suis fait à moi-même, c’est celui-là qui a été libérateur pour moi.
      Aujourd’hui, je ne regrette rien de ma vie. Ce passé que je n’ai en effet pas choisi, je l’accepte, il fait partie de moi, et je vis très bien avec. J’ai tourné la page de ce passé, clôt ce chapitre de ma vie, et j’ai choisi d’avancer en écrivant la suite de mon histoire et en donnant un sens à cette épreuve. En partageant et témoignant sur mon blog, en aidant et accompagnant les filles via mon association et les groupes de parole, c’est aussi une façon de finir sa reconstruction, car je suis persuadée qu’en aidant les autres, on s’aide aussi soi-même…
      Je t’embrasse fort ♥ À très bientôt Nat !

  9. J’ai lu ton texte attentivement, il est fort et m’a pris aux tripes tout au long de la lecture.
    Lorsque tu termines ton texte avec cette phrase : “je me suis découverte moi-même : une femme unique, courageuse et forte, remplie de ressources inexploitées et de potentiel infini.” c’est exactement ce que j’ai ressenti en le lisant : une femme courageuse, forte qui mérite de vivre de nombreux moments de joie et paisible.
    Il ne sert à rien de se venger, le karma s’en chargera. Je suis sereine de lire que tu as fait avec la paix avec toi-même après cette douloureuse épreuve.

    Beaucoup de bonheur à toi <3

    1. Merci pour ton message si touchant ? il me va droit au cœur ❤️ Comme toi, je crois aussi au karma, ça me suffit et je n’ai pas besoin de le voir souffrir. J’ai par contre une intense soif de vivre, une envie de me réaliser, de partager avec les autres, et de pouvoir aider à mon tour. Maintenant que je vais bien, que je suis heureuse et en paix avec moi-même, je peux à mon tour tendre la main vers celles qui passent par cette épreuve. Gros bisous et à très bientôt ?

  10. Merci pour cet article qui m’a bien aidé.
    Le procès de mon agresseur ( viol et violence mentale par mon maître de stage pendant 1 an et tous les jours à l’âge de 16-17 ans) à eu lieu en sep 2019 après 5 longues années à attendre. Malheureusement, il a été relaxé soit disant que j’ai porté plainte trop tard (5 ans après les faits), le problème c’est que j’étais dans un tel état de stress post-traumatique que j’avais tout ” Oublié “, je dissociait les événements en en parlant comme si cela était arrivé à la voisine. Enfin malgré ce non lieu et un procès en appel qui se prépare ton article m’a fait beaucoup de bien pour comprendre l’importance du pardon et l’effet positif que ça à créé en moi. Après avoir Lu cet article et l’avoir médité et essayé de l’appliquer, en 1 mois et demi, mes quelques amies qui connaissent ma situation mont trouvé changer, moins hargneuse ,moins sur la défensive et plus heureuse. Ce n’est pas facile tt les jours mais le chemin du pardon en vaut le détour, ainsi que la démarche de porter plainte. Je ne culpabilise plus de ses actes mauvais envers moi et Surtout envers celles qui étaient après moi. Je ne lui ait pas pardonné car il ne m’a pas montré ne serais ce qu’un petit regret et il n’a jamais avoué ce qu’il a fait, toujours dans le mensonge, mais j’ai pardonné la situation dans laquelle j’étais. Je me suis pardonné aussi de ce qui c’est passé et enlevé cette culpabilité qui me rongeait de l’intérieur. J’ai 28 ans et j’ai pardonné à l’adolescente en pleine construction et en manque d’estime totale qui s’est laissé trompé et qui n’arrivait pas à sortir de l’engrenage dans lequel j’étais tombé, dans la manipulation qu’il à eu envers moi. J’étais en colère envers moi même avec beaucoup de dégout que j’ai abîmé mon corps en prenant 40 kg pour repoussé les autres. Je ne suis plus ou moins on va dire dans cette haine qui me tuait de l’intérieur envers lui. Qu’il meurt ou qu’il tombe gravement malade, qu’il perd tout ses biens ou sa famille, je m’en fiche, je ne veux plus être dans ce cercle vicieux d’attendre qu’il lui arrive quelque chose de malheureux pour vivre enfin à mon tour car il m’a pris 11 ans de ma vie et j’estime que c’est suffisant et cher payé. J’ose enfin faire des choses que e rêvait de faire : j’ai eu mon bac à 25 ans et je suis diplômé de la fac, de jouer du piano, refaire du sport…. Je n’oublie pas ce qu’il m’a fait mais maintenant, s’il n’a aucune conscience, ni aucun remord c’est son problème pas le mien car je sais où est la vérité.
    Je ne veux plus être une victime mais être moi à part entière. Ça fait du bien de voir que je ne suis pas la seule à vivre ça. Merci pour ton blog qui m’aide. Dommage que tu ne sois pas proche de chez moi (Loire atlantique) pour les groupes.
    Bonne continuation à toi.

    1. Merci Iris pour le partage de ton parcours ! Bravo pour le chemin parcouru, tu peux être fière ! Pour les groupes, si tu es intéressée, je vais en relancer en visio à distance pour les personnes qui ne sont pas sur Paris dès ce mois-ci. N’hésite pas à m’écrire pour avoir les infos ou visiter mon site de coaching où j’explique la reprise des groupes à distance ici : https://anyatsai.com/groupes-de-parole-viol-violences-sexuelles-visio/

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