mai 31

Derrière toute peur se cache un désir

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Derrière toute peur se cache un désir. Un désir parfois puissant, secret, profond, mais toujours inassouvi, qui ne demande qu’à se faire reconnaître. Nos propres peurs nous empêchent d’avancer et nous limitent. Elles nous bloquent et nous contraignent à la stagnation dans nos vies, à la résistance au changement, au statut quo. Mais si nous apprenons à regarder au-delà de nos peurs, si nous recherchons le désir qui se cache derrière chacune d’elles, le changement peut se produire et la magie opérer. Alors ce ne sont plus nos peurs qui vont nous guider nos vies mais nos espoirs, nos rêves et nos aspirations. Il est possible de transformer ses peurs et de les transcender.

“Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs”  (Nelson Mandela)

Il vaut mieux reconnaître et travailler sur ses désirs que de se laisser paralyser par ses peurs. Mes peurs aussi étaient nombreuses, dont certaines profondément ancrées en moi, et pendant longtemps, elles ont barré mon chemin, dressé des limites que je pensais infranchissables. Mais un jour, j’en ai eu assez que la peur soit l’émotion qui guide ma vie, choisisse à ma place, me supprime des possibilités et des opportunités. Je ne voulais plus faire des choix par défaut à cause de la peur, mais des choix par désir.

Une des premières peurs que j’ai enfin osé regarder en face était très ancienne puisqu’elle m’a suivie jusqu’à l’âge adulte : la peur de l’eau, liée à un traumatisme d’enfance. A 6 ans, lors de mon premier cours de natation avec l’école, un maître nageur peu pédagogue m’avait poussée dans le grand bain. Je n’avais pas eu le courage de sauter par moi-même comme le faisaient les autres enfants, alors j’y ai été poussée de force. J’ai crié, bu la tasse, puis commencé à me noyer sous les yeux du maître-nageur… Paniqué par son geste, il me tendit la perche que je n’arrivais pas à attraper, et il n’avait pas eu d’autre choix que de sauter dans l’eau pour me secourir. Tels sont mes souvenirs de ma première et dernière séance de natation scolaire car je ne suis plus retournée à la piscine avec l’école après cet épisode.

Arrivée à l’âge adulte, je ne savais pas nager correctement, impossible pour moi de mettre ma tête sous l’eau. Au mieux, j’enchaînais quelques mouvements de brasse mais toujours la tête hors de l’eau, et il fallait que j’ai pied. Quelques mètres, pas plus, c’était ma limite. A cause ce traumatisme, il m’était impossible de mettre mon visage sous le jet de la douche, j’avais l’impression de suffoquer et de revivre la noyade rien qu’au contact de l’eau coulant sur mon visage… Puis j’en ai eu marre de subir cette peur qui était devenu avec le temps un handicap, alors j’ai décidé de l’affronter enfin… et derrière elle se cachait le désir puissant d’apprendre enfin à nager. Un peu avant mes 30 ans, après plusieurs échecs de cours particuliers classiques à la piscine municipale, j’ai pris des cours spéciaux de natation pour les adultes ayant peur de l’eau. Cela m’a fait un bien fou de découvrir que je n’étais pas la seule adulte à avoir la même peur ! C’est ainsi que j’ai appris à nager et à surmonter cette peur qui m’avait limitée toutes ces années.

Mon autre peur paralysante et limitante était liée à la parole. La peur d’oser parler, dire ce qui m’était arrivé, le traumatisme du viol, et surtout toute cette solitude après… Cette peur a duré plus de 20 ans avant que j’ose l’affronter et la surmonter. Derrière cette peur se cachait bien un désir enfoui, celui de me libérer enfin, de ne plus être seule à porter ce lourd secret. Pourquoi avoir mis tant de temps ? J’exerçais ce que j’appelle la parole silencieuse. Cette fichue peur me paralysait complètement et bloquait la parole, les mots ne sortaient pas, j’étais emmurée dans mon silence. Pourtant ce n’est pas le désir de me libérer qui me manquait, mais cette peur était plus forte que tout, bien plus forte que moi à cette période de ma vie. C’était une peur très complexe, elle avait de multiples facettes :  peur d’être jugée, peur de ne pas être entendue, peur que ma parole soit mise en doute, peur de la réaction des gens, peur d’être abandonnée, peur de rester seule, peur de moi-même… Mais un jour, un sentiment plus fort que la peur a pris sa place, le courage m’est venu pour pouvoir enfin me libérer. Je ne voulais plus subir dans ma vie, ne plus rester une éternelle victime, c’est ainsi que j’ai commencé à parler.

En osant enfin libérer ma parole, dire la vérité sur ce qui m’était arrivé, j’ai retrouvé ma liberté et le pouvoir de choisir ma vie au lieu de la subir, et cela n’a pas de prix… C’est ma plus belle victoire.

J’ai beaucoup appris sur moi en travaillant sur mes peurs et en apprenant à les reconnaître. J’en suis ressortie grandie et transformée. Oser mettre nommer ses peurs, les identifier, rechercher quels désirs se cachent derrière, ce n’est pas facile, cela prend du temps. Affronter ses peurs contraint au changement personnel. La plupart des gens ont peur du changement, ils voient cela comme une perte. Ils préfèrent donc le statut quo et ne pas sortir de leur zone de confort qui est connue donc rassurante. Je faisais aussi partie de des gens-là. Une par une, de la plus petite à la plus grande, j’ai transformé chacune de mes peurs, et rien qu’en découvrant le désir caché derrière, la peur avait perdu sa toute-puissance : ce n’était plus mes peurs qui me guidaient, mais mes désirs et mes espoirs.

Maintenant que je suis lancée sur mon chemin vers une vie plus épanouie et heureuse, vers une vie que je choisis sans peurs ni doutes, je vois désormais le changement comme un gain, et non plus une perte. Et cette perception des choses change tout. C’est un travail personnel pour aller plus loin vers la connaissance de soi-même, et nécessite en effet de sortir de sa zone de confort, de se faire violence, mais le jeu en vaut la chandelle. Le plus difficile est de faire le premier pas sur ce chemin en regardant droit devant soi, sans se retourner ni douter. Et une fois le premier pas posé, les autres s’enchaînent tout naturellement l’un après l’autre, et ce chemin mène vers la liberté.

“Les seules fois que tu devrais regarder en arrière, c’est pour contempler tout le chemin que tu as parcouru.”

 

Et vous, quelles peurs avez-vous eu à surmonter dans votre vie ? Quels désirs se cachaient derrière vos peurs ?

 

Nous sommes toutes des Résilientes
La mémoire du corps

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  1. Anya, ta plume est précise et toujours juste. Je commence à reconnaître un style, une signature … une empreinte émotionnelle à travers chaque phrase, à travers chaque mot. Un détour d’une phrase, une caresse… au détour d’un mot une lueur de tristesse. Mais jamais sur ton sort tu t’apitoies. C’est un cadeau que tu nous offres sans complaisance, d’être aux premières loges de ta renaissance.

    1. Cher Stéphane,
      Tellement de sensibilité et de poésie dans tes mots, j’en suis profondément touchée…
      Merci de me suivre et de me lire. A bientôt !

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